Jusqu’où ira donc Roger Federer?

Jusqu’où ira donc Roger Federer?

Vainqueur de l’Open d’Australie en janvier, Federer attaque avec toujours autant d’envie les Masters d’Indian Wells et de Miami ensuite. Alors que de nombreux joueurs, dont Nadal, seront forfaits pour les deux tournois américains, le Suisse sera plus que jamais favori, malgré ses 36 ans.

Il faudrait avoir quitté la planète Terre pendant trois ans pour imaginer une seule seconde que Roger Federer ne soit pas le principal concurrent à sa propre succession. Depuis sa victoire à l’Open d’Australie 2017, Roger Federer redéploie ses ailes. Il avait en fait entamé sa remontée un petit peu avant. Mais un Grand Chelem reconquéri, il a su se libérer mentalement. Son année 2017 a donc été hallucinante.

Depuis sa perte de vitesse en 2013, il a su modifier son jeu. Moins dans le fond du court. Beaucoup plus vers l’avant. Beaucoup plus de volées aussi. Roger Federer a retrouvé un jeu « à l’ancienne ». En effet, avec les années qui défilent, le Suisse ne peut plus se permettre de jouer des joueurs comme Rafael Nadal, avec des échanges de 30 coups en fond de court pendant 5 heures. On caricature un peu, mais Federer a su opérer un virage important, qui a tout changé pour la suite de sa carrière.

Le résultat de tout ça, c’est une année 2017 époustouflante. Après une finale légendaire contre Nadal à l’Open d’Australie, Federer a enchaîné. Il a fait le doublé américain Indian Wells/Miami. Puis, il a décidé de faire l’impasse sur la terre battue. Parce que la surface n’est pas adaptée à son jeu. Mais en plus, il avait sans doute besoin d’économiser ses forces pour le gazon, parfaitement en adéquation avec son tennis. Pari payant, puisque Federer a remporté Wimbledon. Et puis il a terminé avec une victoire à Shanghai. 2018 a commencé comme en 2017, avec le titre en Australie. Mais en plus, il a retrouvé sa place de numéro un mondial, à 36 ans… Roger est plus jeune que jamais.

Qui sont ses concurrents ?

Novak Djokovic
C’est un peu un outsider « point d’interrogation ». Très compliqué d’analyser le niveau de Novak Djokovic. Depuis Wimbledon 2017, il n’a joué que l’Open d’Australie en début d’année. S’il a accédé aux huitièmes sans trop d’embûches, il est tombé sur un Chung stratosphérique, s’inclinant en trois sets de folie. Que penser du Serbe ? En tout cas, on connait le bonhomme, et ne pas le mettre parmi les favoris serait dingue. Même si, lui aussi, son tableau sera loin d’être évident. Il pourrait jouer Nishikori, Del Potro, puis Cilic… A voir.

Marin Cilic
Le Croate est l’homme des grands rendez-vous. Certes, l’obstacle Federer est encore un peu haut, notamment en finale de Grand Chelem. Mais il a montré des qualités certaines en Australie en début d’année, poussant le Suisse au 5eme set. Marin Cilic fait les montagnes russes tennistiquement. Mais on le voit franchement mal passer à côté sur un 1000, qui lui est tout à fait favorable. Reste à savoir l’intérêt pour lui d’être allé jouer sur terre, au Brésil. Attention quand même à la tête de série numéro 2.

Juan Martin Del Potro
Son titre à Acapulco le place forcément dans les têtes d’affiche. Après avoir connu les années de galère en raison de son poignet meurtri, l’Argentin est devenu la coqueluche du public. Son retour est une réussite. Il est parvenu à retrouver la 8eme place mondiale, lui permettant de jouer des coudes avec les plus forts. Incontestablement, il pourra jouer les trouble-fête aux Etats-Unis. En revanche, lui aussi aura un tableau à s’arracher les cheveux. A voir s’il saura déjouer les pièges, sans trop laisser d’énergie.

Grigor Dimitrov
Il est vrai que le Bulgare reste sur une contre-performance à Dubai. Mais depuis quelques temps, et notamment sa victoire aux ATP Finals de Londres, on sent que quelque chose sommeille en lui. Grigor Dimitrov a cette capacité à se sublimer quand il le décide. Certes, il est tombé en quart de l’Open d’Australie, contre Edmund, auteur d’un superbe tournoi, mais à sa portée sur le papier. Et oui, il n’a pas vraiment pesé en finale de Rotterdam contre Federer. Mais comment ne pas évoquer son nom dans un Masters 1000, dans lequel il est tête de série n°3.

Alexander Zverev
Le jeune Allemand ressemble un peu à son homologue bulgare. Pas physiquement hein… évidemment. Mais lui aussi est capable du pire comme du meilleur. On le met forcément en favori parce qu’il a déjà gagné en 1000, il sait le faire. Cependant, Alexander Zverev devra élever son niveau de jeu par rapport au début d’année 2018. C’est l’occasion ou jamais. La tournée américaine pourrait lui permettre de clairement lancer sa saison, et notamment effacer la désillusion australienne. Il aura un tableau très compliqué, comme ses adversaires ci-dessus. Mais justement, s’il passe les étapes, il pourrait bien profiter de l’effet boule de neige pour avancer.

Qui pour créer la surprise ?

La notion de « surprise » est assez abstraite. Pour certains, atteindre le 2eme tour relève déjà de la surprise. Mais à ce moment là, on peut franchement citer les trois quarts des participants. On va plutôt s’intéresser à ceux qui peuvent bousculer la hiérarchie, sortir des gros poissons et se frayer un chemin loin dans le tableau.

Parmi eux, il y a Denis Shapovalov (alias « Shapololovolov » pour le speaker de Brisbane). Loin de lui l’image du boulet qui a été disqualifié pour avoir envoyé une balle dans l’œil d’un arbitre… accidentellement. Désormais, on reconnait le Canadien pour ses qualités tennistiques, et c’est tant mieux. Attention au duo Nick Kyrgios/Kevin Anderson, dans la même partie de tableau. Le vainqueur de ce potentiel duel pourrait aller jusqu’en demie, contre le grand Federer. Et c’est déjà pas mal. On n’a pas cité Thiem, qui a préféré, a priori, se préparer pour la terre. C’est sans doute une bonne idée.

Dans la partie basse du tableau, la concentration de grands noms laisse peu de place à l’espoir pour les seconds couteaux. Cependant, il va falloir être attentif à Kyle Edmund, qui a étincelé en Australie. A part le Britannique, on a du mal à voir la pépite qui va bouleverser la hiérarchie, le tableau étant un peu trop riche. On a là aussi du mal a évoquer Milos Raonic et David Ferrer. Le premier est vraiment en méforme totale, alors que le second va voir son tableau s’assombrir très rapidement.

Et les Français ?

Oui, il y aura des Français à Indian Wells. Mais comment imaginer que l’un d’eux puisse réaliser le coup de théâtre ? Ce n’est franchement pas la grande forme dans les rangs bleus. Certes, Lucas Pouille reste sur deux finales. Mais pour aller loin aux Etats-Unis, il faudra être capable de renverser Bautista Agut et Khachanov, pour aller titiller les plus grands. Pas gagné. S’il est en jambes, il a ses chances pour rejoindre les quarts. Après, on verra.

Concernant les autres, ils sont déjà la moitié des Français à être positionné dans le tableau à côté de Federer, bien au chaud. Autant dire que Benoit Paire, Adrian Mannarino, Jérémy Chardy et Julien Benneteau risquent de rapidement prendre l’eau. Mais personne ne leur en voudra de tomber contre le Suisse.

Dans le bas de tableau (avec Pouille), les trois autres vont vite s’affronter entre eux. Parmi Gael Monfils, Pierre-Hugues Herbert et Gilles Simon, il n’en restera qu’un (ou zéro), pour défier Marin Cilic en huitième de finale. Là aussi, on aura du mal à leur en vouloir de tomber contre le Croate, si cela se produit.

A noter que Nicolas Mahut est parvenu à sortir des qualifications. On attend donc de découvrir son tirage du 1er tour. Il affrontera donc l’indien Bhamdri demain. Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga sont de leur coté forfait.

Nicolas Berriegts

Crédit Photo: Associated Press

Stéphane Berteloot

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